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Omaloya
29 septembre 2006

Origines du maloya

Il est extrêmement difficile de définir la musique de certaines ethnies car celle-ci n'est pas écrite et les témoignages de cette époque sont quasiment inexistants

Des documents anciens, font allusion à la fin du XVIIème siècle, "à des jeux d'argent ou à des beuveries mais il ne nous est resté aucun récit de fête, les habitants de Bourbon devaient bien pourtant faire des banquets ou danser à l'occasion des mariages et des grandes fêtes religieuses..." (Mémorial de la Réunion)

Et pourtant le maloya date de cette époque. Cette forme d'expression à la fois instrumentale, vocale et dansée est un produit pluriculturel. La genèse de ce style s'est opérée en effet dans les camps d'esclaves, par un mélange entre les populations malgaches et mozambicaines, nouvellement débarquées. Voici le témoignage d'un lazariste, écrivant en 1740 : 'La paroisse de Saint-Louis est peu habitée faute d'eau. Les maîtres des terres demeurent à Saint-Paul. Ils vont de temps en temps à leur habitation pour faire planter. Le reste du temps, ils n'y laissent que quelques Noirs". Cet espace de liberté va permettre divers échanges entre mozambicains et malgaches en particulier au niveau musical, mieux toléré par les "maîtres". Quelle est la part des apports de chacun dans la fusion du maloya ?

La relative courtoisie entre tous les premiers colons de Bourbon et leurs "compagnons" de couleur, - allant jusqu'à des mariages interraciaux-, commence à changer vers le milieu du XVIIIème siècle. Le Code Noir apparaît aux Mascareignes en 1723 et le noir qui était serviteur devient esclave. Aussi, le maloya se teinte t-il d'une nouvelle expression ; à l'image du "blues" aux Etats-Unis il devient une complainte : en malgache "maloya" veut dire "j'en ai marre".

Selon Kalidas, musicien indien ayant vécu dans la province de Majunga à Madagascar, il faudrait cependant remonter plus loin dans le temps pour saisir véritablement la genèse du Maloya.

Depuis le XVIème siècle, des indiens de la province du Gujerat, en particulier de la presqu'île de Katchi, commercent avec Madagascar, en apportant du sel, de l'huile et des cotonnades sur leurs boutres, aux rythmes des saisons, en échange d'or. Or, dans cette région, par tradition millénaire, des sortes de troubadours chantaient des chants païens mais à la gloire de Dieu, réunion des cinq éléments : les "Bhajan".

Ces chants possèdent un rythme syncopé très entraînant dont la mélodie se caractérise par l'emploi de quarts de tons. Une fois émigrés à la Réunion, ainsi que dans les autres îles de L'Océan Indien (Maurice, Rodrigues, Seychelles), ils ont conservé cette musique, encore vivante aujourd'hui sous une forme devenue traditionnelle.

De plus, ces nomades-musiciens indiens, lorsqu'ils chantaient dans les rues de Sourat, et d'autres villes du Gujerat, pratiquaient le système du chanteur soliste lançant une mélopée souvent improvisée, reprise en chœur par le reste du groupe, forme particulière que l'on retrouve inchangée dans le maloya. Toutefois, cette forme de chant à plusieurs voix existe aussi en Afrique.

Bernardin de Saint- Pierre nous éclaire sur les instruments employés pour cette danse malgache : "Les filles madécasses (malgaches), dansent au son du Bobre et d'une calebasse remplie de pois" (1773)."

Envoyés de force dans les colonies françaises de l'Océan Indien (Réunion, Maurice, Rodrigues et Seychelles), ils ont aussi exporté leur culture et leurs instruments de musique. Ces cafres, compagnons de misère des malgaches, se sont donc rencontrés dans es camps d'esclaves au début du XVIIIème siècle. Là, s'est opérée cette genèse du maloya, synthèse des cultures afro-malgaches. Des témoignages précisent que le maloya était joué dans ces camps toute la nuit du samedi et se prolongeait parfois le dimanche après-midi.

La façon d'interpréter le maloya (tempo, ton du chant) permet aux exécutants d'exprimer différents sentiments. Car, en plus, d'une peinture de la vie quotidienne de ces esclaves, le maloya représente aussi l'ivresse amoureuse, accentuée par une danse particulière d'origine bantoue… : sur une musique au tempo rapide, les danseurs forment un cercle dans lequel une femme danse et choisit son cavalier, qui la rejoint à l'intérieur de ce cercle. La parade amoureuse débute, sans aucun contact physique entre les deux danseurs, avec la possibilité toutefois de changer de cavalier, s'il ne convient pas à la danseuse.

Puis les poses sont de plus en plus lascives et se terminent par un crescendo quasi -lubrique, expression corporelle des sentiments naturels.

Une facette importante du maloya est l'hommage rituel aux ancêtres : le Kabaré (qui veut dire "assemblée" en malgache). Il s'agit d'une forme de maloya, jouée plus lentement, dont le chant monotone, sorte de litanie, est interprété dans le cadre de funérailles. La musique sert ainsi de support de communication avec les morts. Ce rituel se nomme différemment selon l'origine des communautés concernées : "servis malgas" pour les malgaches ou "servis caf" pour les africains.

Le maloya, terme d'introduction récente (Fourcade, 1930) était appelé vers 1750, "Tchéga", "Tsiega" puis "Séga", mot portugais d'origine swahili désignant l'action de remonter ses habits, caractéristique des danses bantoues. Le maloya, musique fusion que l'on retrouve dans tout l'Océan Indien, s'appelle "séga ravane" à Maurice, "séga tambour" à Rodrigues et "moutia" aux Seychelles.

Madagascar, terre d'un patrimoine culturel très riche a exporté à la Réunion un autre style de musique traditionnel : le musicien chante de façon psalmodiée en s'accompagnant d'un "

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Commentaires
A
Toujours passionnant tes articles qui m'enseignent la Réunion autrement, et qui me manque fort trés fort en ce moment !!!! Je te souhaite une bonne semaine !!! Bisous !!!
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